Frédéric Dussoulier - Résidence Tereos
S01:E04

Frédéric Dussoulier - Résidence Tereos

Episode description

L’artiste Frédéric Dussoulier exposait à la Tour de Guet en juin 2022, suite à sa résidence artistique effectuée sur l’île de la Réunion au sein de la sucrerie du Gol, usine Tereos. Retrouvez ici le détail complet, du projet à la restitution de résidence.

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Je m'appelle Frédéric Dussoulier, je suis artiste plasticien et je vis à la réunion depuis 10 ans.

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Je suis compagnon vitrailliste, j'ai fait ça pendant 10 ans en métropole, j'ai fait mon compagnonnage sur la France entière en fait.

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Et puis après, on m'a montré la soudure et j'ai préféré changer le métier et je suis passé à la sculpture au volume.

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C'était la matière qui m'a intrigué, la matière sucre friable qui me rappelle aussi un peu le verre de son éclat en fait.

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J'avais envie de travailler avec cette matière-là, un peu difficile, je pense, à maîtriser.

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Déjà, de rentrer l'art dans cette usine, c'est vraiment de confronter mon travail et ma démarche avec le travail que font les gens,

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de changer avec eux, faire en sorte qu'ils participent au projet en posant pour moi, en faisant les modèles en fait.

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Et après, en termes plastiques, j'attends de voir, je suis excité par le résultat qu'il va peut-être avoir dans deux mois.

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C'est tout de suite, en fait, me présenter à travers mon travail, en fait, sans forcément passer par les mots.

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Tout de suite que les gens puissent voir un peu là où je vais, qui reconnaissent aussi des matières que j'utilise comme le fer à béton

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et qu'on puisse tout de suite avoir un dialogue ensemble et qu'on se présente en fait.

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Je pense que ça va aider ensuite à mieux se rencontrer quand je serai dans les ateliers de chaud d'enri et dans l'usine, en fait.

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Effectivement, c'est un trigon de prime abord, de parler des organes.

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Mais en fait, moi, ce que j'ai voulu montrer à la base, c'était surtout qu'on a tous les mêmes,

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qu'on soit de n'importe quelle religion ou de n'importe quelle couleur, à l'intérieur, c'est fait de la même manière.

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Je voulais le magnifier en les rendant brillants comme des objets précieux, ce que ça reste précieux.

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C'est pour ça que je l'ai appelé hommage, c'est vraiment un hommage à l'être humain et à ce qu'il se passe à l'intérieur de vie.

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L'univers de l'usine, je l'ai connu en est quand j'étais souffleur de verre.

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Je me sens complètement artiste, mais en même temps, je me sens complètement à ma place aussi à travers cet usine.

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Je me sens pas étranger, j'ai vraiment une excitation de voir comment ça va être perçu,

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comment je vais pouvoir travailler, qu'est-ce qui va se passer pendant ces deux mois.

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Le projet initial était de sculpter du sucre, de pouvoir travailler cette matière comme une matière solide.

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On a donc livré un big bag de sucre dans les ateliers de chaudronnerie où j'ai commencé à faire mes premiers essais.

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Cet essai n'a pas forcément été très compuiant, il était très difficile de faire durcir le sucre.

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On a essayé de le presser avec une énorme presse.

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Ça n'a pas fonctionné non plus, du coup le sucre redevenait sous forme de sable en fait.

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Donc il a fallu changer la direction du projet.

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Heureusement pour moi, le hangar des cinq presselait un vrai trésor,

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c'est-à-dire que pendant des années, le sucre s'est aggloméré sur ses murs et a formé une couche avec énormément de nuances.

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Cette matière-là a été la base de mon travail pour des portraits que j'ai pu réaliser des salariés de l'entreprise,

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où j'ai essayé de les remettre au centre en gravant, en enlevant des parties de sucre pour révéler leur visage.

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Sur hangar des cinq, j'ai proposé de les riger sous forme de temple en fait,

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en assemblant un immense cercle de 11 mètres de diamètre au centre de ses visages recouvert entièrement de sucre.

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Ça a donné une assise, un poids, une sécurité à tous ses visages dans ce immense hangar.

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Je fais pas mal de rencontres avec les salariés.

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C'est une surprise pour moi de voir des gens qui aimaient autant leur travail et la matière qui produisait.

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Et tout de suite, ça a déclenché une envie de travailler vraiment sur les salariés

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et pas forcément sur d'autres sujets que je repus à border au départ.

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Finalement, avec les laboratoires d'Ercan, ils ont réussi à trouver un mélange pour durcir le sucre,

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pour ajoutant du lait de chaud, de la mélasse et du sucre à des dosages vraiment très précis.

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On arrivait en fait à durcir le sucre.

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On a fait différents tests au labo en mettant plus ou moins de ce mélange mélasse et chaud.

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J'ai aussi fait des tests où j'utilisais pas de chaud pour voir si la mélasse suffit en elle-même à faire un peu prendre en base.

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Donc on a quand même quelque chose de suffisamment résistant.

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J'ai donc engagé un dernier travail en fait où j'ai moulé du sucre dans des énormes tubes plastiques

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pour faire comme des colonnes antiques, pour délimiter en fait l'entrée du temple au hangar des cinq.

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Cette exercice a été conclu en dernier moment.

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En fait, j'ai démoulé tous les moules le jour de la restitution pour les salariés

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et coup de chance, ça a complètement fonctionné.

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Un super beau résultat.

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Ça a amené une curiosité de leur part de se voir en si grand, de voir leurs amis pareil.

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Donc il y a eu des jeux de photos avec leur portrait et du coup des échanges.

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On s'est rapprochés plus facilement.

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Nous, les rares, on a l'occasion de rentrer comme du monade à Galidra, de voir des trucs comme ça.

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En plus, nous n'avons pas habitué tant qu'réole, nous n'avons pas trop habitué de voir.

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On nous a plutôt à la télé.

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Et là, de voir en vrai avec le sucre surtout, c'est vraiment impressionnant.

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Jamais on serait imaginé arriver à un résultat comme ça dans le magasin comme vous le connaissez d'habitude.

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Et au final, oui, c'est un endroit majestu.

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Et en même temps, le côté fémé a fait que c'est encore plus impressionnant

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parce qu'on sait que dans quelques mois, ça va être plein de sucre.

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Et là, de ramener l'art dans l'industrie, ça permet à tout le monde finalement d'adhérer.

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Ça donne un bouffet d'oxygène et ça remotive.

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C'est la première fois qu'on voit ce genre de spectacle, mais je pense que c'est l'unique aussi.

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C'est un plaisir aussi que cela se passe à notre usine chez nous alors.

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Moi, je suis content, les gars sont contents, donc super.

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Donc Fred, on arrive au bout de la résidence d'artistes.

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Et on vient de faire la restitution. Comment c'était?

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C'était intense. Je t'ai accusé comme dans une famille, je me suis senti à l'aise dès le départ.

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Je pense que ça m'a manqué parce que j'ai vraiment pris des habitudes à venir tous les jours ici assez tôt,

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à côtoyer tous ces gens, à avoir des habitudes au sein de Théréos.

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Et d'avoir été accusé comme ça, franchement, c'était dingue.

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Cette restitution, c'était un moment attendu, tu vas aller sur quelque chose que tu ne maîtrisais pas au début, c'était de l'expérience mentale.

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C'était quand même le point final, vu que j'avais fait tout mon travail autour de ces salariés,

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c'était de leur rendre un petit peu tout ce qu'il m'avait donné

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et de leur montrer aussi un autre regard sur le sucre et sur ce magasin 5 en fait.

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En tout cas, ce magasin 5, il a privi avec ses 17 visages qui vont rester un temps.

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Et pour ça, je voudrais te dire merci.

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Merci à toi et franchement, merci à tous les salariés, c'était mortel.

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Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org