Je m'appelle Frédéric Dussoulier, je suis artiste plasticien et je vis à la réunion depuis 10 ans.
Je suis compagnon vitrailliste, j'ai fait ça pendant 10 ans en métropole, j'ai fait mon compagnonnage sur la France entière en fait.
Et puis après, on m'a montré la soudure et j'ai préféré changer le métier et je suis passé à la sculpture au volume.
C'était la matière qui m'a intrigué, la matière sucre friable qui me rappelle aussi un peu le verre de son éclat en fait.
J'avais envie de travailler avec cette matière-là, un peu difficile, je pense, à maîtriser.
Déjà, de rentrer l'art dans cette usine, c'est vraiment de confronter mon travail et ma démarche avec le travail que font les gens,
de changer avec eux, faire en sorte qu'ils participent au projet en posant pour moi, en faisant les modèles en fait.
Et après, en termes plastiques, j'attends de voir, je suis excité par le résultat qu'il va peut-être avoir dans deux mois.
C'est tout de suite, en fait, me présenter à travers mon travail, en fait, sans forcément passer par les mots.
Tout de suite que les gens puissent voir un peu là où je vais, qui reconnaissent aussi des matières que j'utilise comme le fer à béton
et qu'on puisse tout de suite avoir un dialogue ensemble et qu'on se présente en fait.
Je pense que ça va aider ensuite à mieux se rencontrer quand je serai dans les ateliers de chaud d'enri et dans l'usine, en fait.
Effectivement, c'est un trigon de prime abord, de parler des organes.
Mais en fait, moi, ce que j'ai voulu montrer à la base, c'était surtout qu'on a tous les mêmes,
qu'on soit de n'importe quelle religion ou de n'importe quelle couleur, à l'intérieur, c'est fait de la même manière.
Je voulais le magnifier en les rendant brillants comme des objets précieux, ce que ça reste précieux.
C'est pour ça que je l'ai appelé hommage, c'est vraiment un hommage à l'être humain et à ce qu'il se passe à l'intérieur de vie.
L'univers de l'usine, je l'ai connu en est quand j'étais souffleur de verre.
Je me sens complètement artiste, mais en même temps, je me sens complètement à ma place aussi à travers cet usine.
Je me sens pas étranger, j'ai vraiment une excitation de voir comment ça va être perçu,
comment je vais pouvoir travailler, qu'est-ce qui va se passer pendant ces deux mois.
Le projet initial était de sculpter du sucre, de pouvoir travailler cette matière comme une matière solide.
On a donc livré un big bag de sucre dans les ateliers de chaudronnerie où j'ai commencé à faire mes premiers essais.
Cet essai n'a pas forcément été très compuiant, il était très difficile de faire durcir le sucre.
On a essayé de le presser avec une énorme presse.
Ça n'a pas fonctionné non plus, du coup le sucre redevenait sous forme de sable en fait.
Donc il a fallu changer la direction du projet.
Heureusement pour moi, le hangar des cinq presselait un vrai trésor,
c'est-à-dire que pendant des années, le sucre s'est aggloméré sur ses murs et a formé une couche avec énormément de nuances.
Cette matière-là a été la base de mon travail pour des portraits que j'ai pu réaliser des salariés de l'entreprise,
où j'ai essayé de les remettre au centre en gravant, en enlevant des parties de sucre pour révéler leur visage.
Sur hangar des cinq, j'ai proposé de les riger sous forme de temple en fait,
en assemblant un immense cercle de 11 mètres de diamètre au centre de ses visages recouvert entièrement de sucre.
Ça a donné une assise, un poids, une sécurité à tous ses visages dans ce immense hangar.
Je fais pas mal de rencontres avec les salariés.
C'est une surprise pour moi de voir des gens qui aimaient autant leur travail et la matière qui produisait.
Et tout de suite, ça a déclenché une envie de travailler vraiment sur les salariés
et pas forcément sur d'autres sujets que je repus à border au départ.
Finalement, avec les laboratoires d'Ercan, ils ont réussi à trouver un mélange pour durcir le sucre,
pour ajoutant du lait de chaud, de la mélasse et du sucre à des dosages vraiment très précis.
On arrivait en fait à durcir le sucre.
On a fait différents tests au labo en mettant plus ou moins de ce mélange mélasse et chaud.
J'ai aussi fait des tests où j'utilisais pas de chaud pour voir si la mélasse suffit en elle-même à faire un peu prendre en base.
Donc on a quand même quelque chose de suffisamment résistant.
J'ai donc engagé un dernier travail en fait où j'ai moulé du sucre dans des énormes tubes plastiques
pour faire comme des colonnes antiques, pour délimiter en fait l'entrée du temple au hangar des cinq.
Cette exercice a été conclu en dernier moment.
En fait, j'ai démoulé tous les moules le jour de la restitution pour les salariés
et coup de chance, ça a complètement fonctionné.
Un super beau résultat.
Ça a amené une curiosité de leur part de se voir en si grand, de voir leurs amis pareil.
Donc il y a eu des jeux de photos avec leur portrait et du coup des échanges.
On s'est rapprochés plus facilement.
Nous, les rares, on a l'occasion de rentrer comme du monade à Galidra, de voir des trucs comme ça.
En plus, nous n'avons pas habitué tant qu'réole, nous n'avons pas trop habitué de voir.
On nous a plutôt à la télé.
Et là, de voir en vrai avec le sucre surtout, c'est vraiment impressionnant.
Jamais on serait imaginé arriver à un résultat comme ça dans le magasin comme vous le connaissez d'habitude.
Et au final, oui, c'est un endroit majestu.
Et en même temps, le côté fémé a fait que c'est encore plus impressionnant
parce qu'on sait que dans quelques mois, ça va être plein de sucre.
Et là, de ramener l'art dans l'industrie, ça permet à tout le monde finalement d'adhérer.
Ça donne un bouffet d'oxygène et ça remotive.
C'est la première fois qu'on voit ce genre de spectacle, mais je pense que c'est l'unique aussi.
C'est un plaisir aussi que cela se passe à notre usine chez nous alors.
Moi, je suis content, les gars sont contents, donc super.
Donc Fred, on arrive au bout de la résidence d'artistes.
Et on vient de faire la restitution. Comment c'était?
C'était intense. Je t'ai accusé comme dans une famille, je me suis senti à l'aise dès le départ.
Je pense que ça m'a manqué parce que j'ai vraiment pris des habitudes à venir tous les jours ici assez tôt,
à côtoyer tous ces gens, à avoir des habitudes au sein de Théréos.
Et d'avoir été accusé comme ça, franchement, c'était dingue.
Cette restitution, c'était un moment attendu, tu vas aller sur quelque chose que tu ne maîtrisais pas au début, c'était de l'expérience mentale.
C'était quand même le point final, vu que j'avais fait tout mon travail autour de ces salariés,
c'était de leur rendre un petit peu tout ce qu'il m'avait donné
et de leur montrer aussi un autre regard sur le sucre et sur ce magasin 5 en fait.
En tout cas, ce magasin 5, il a privi avec ses 17 visages qui vont rester un temps.
Et pour ça, je voudrais te dire merci.
Merci à toi et franchement, merci à tous les salariés, c'était mortel.
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